Un enfant adopté peut, en France, vivre une seconde adoption. Même après une première adoption plénière ou simple, la loi ne ferme pas la porte à une nouvelle procédure. Mais cette possibilité s’accompagne d’un encadrement strict, fixé par le Code civil. Ces cas touchent notamment les enfants confrontés à la déchéance de l’autorité parentale, au décès de leurs parents adoptifs ou à des situations exceptionnelles qui bouleversent leur trajectoire familiale.
Des décisions de justice permettent la réadoption, à condition que l’intérêt manifeste de l’enfant soit démontré. Le procureur de la République et le juge aux affaires familiales interviennent à chaque étape, avec des effets directs sur l’état civil et la filiation de l’enfant.
Double adoption en France : une réalité juridique méconnue
La double adoption fait figure d’exception, mais le Code civil lui donne une place discrète et pourtant bien réelle. Même parmi les juristes spécialisés en droit de la famille, la procédure soulève souvent des questions. Les articles du code civil permettent à un enfant déjà adopté de l’être une nouvelle fois, dans un cadre juridiquement très balisé. Ce n’est pas une démarche anodine : une seconde adoption, qu’elle soit plénière ou simple, vient bouleverser la filiation et modifier l’état civil.Face au juge, adoptant et adopté avancent au rythme d’une procédure minutieuse, où chaque détail compte. L’intérêt supérieur de l’enfant s’impose comme boussole. Le magistrat examine la stabilité du nouvel environnement familial, la façon dont les liens avec les précédents parents seront maintenus ou rompus, et la capacité du nouvel adoptant à offrir un cadre solide. Les rares décisions rendues sur ces dossiers rappellent qu’un motif grave reste indispensable : on pense à la déchéance de l’autorité parentale ou à la disparition des premiers parents adoptifs.
Voici les situations où la double adoption trouve le plus souvent à s’appliquer :
- Les recompositions familiales, l’abandon ou l’absence de lien durable figurent parmi les cas fréquents.
- L’étude attentive du code civil adoption montre que chaque réadoption fait l’objet d’une décision singulière, jamais d’un traitement systématique.
En ouvrant cette voie, le législateur cherche avant tout à préserver la cohérence de la filiation et à garantir la sécurité de l’enfant. Mais il laisse au juge le soin d’apprécier la diversité des parcours familiaux. La France, à travers cette disposition, reconnaît que les histoires de vie ne se plient pas toujours aux modèles établis, et que le droit doit parfois s’adapter à ces nouvelles réalités.
Quels enfants et quelles familles sont concernés par la double adoption ?
Derrière la notion de double adoption, on trouve une grande variété de situations. Chaque dossier apporte son lot de singularités, entre trajectoire personnelle et exigences du droit français. Les enfants concernés sont souvent ceux dont le chemin a déjà croisé une première adoption, plénière ou simple, puis s’est heurté à une rupture : décès des parents adoptifs, retrait de l’autorité parentale, absence d’engagement réel ou recomposition familiale.
Les familles qui entament une deuxième adoption n’entrent dans aucune case préétablie. Il peut s’agir du conjoint d’un parent adoptif, d’un partenaire pacsé ou d’un concubin désireux d’établir un lien filial. D’autres fois, la demande vient d’une famille prête à accueillir un pupille de l’État dont la première adoption n’a pas abouti à la stabilité attendue. L’adoption d’un enfant conjoint lors d’une recomposition familiale est également concernée, tout comme la réadoption d’un enfant adopté par une famille d’origine qui n’a pu assurer la continuité nécessaire.
Voici les profils d’enfants régulièrement concernés :
- Enfants pupilles de l’État déjà adoptés une première fois, que ce soit en simple ou en plénière.
- Enfants ayant perdu le lien avec leur famille d’origine ou d’adoption.
- Enfants confiés à un nouveau couple : conjoints, partenaires pacsés ou concubins.
Par ce dispositif, la loi permet de revoir la filiation pour offrir à l’enfant adopté un cadre protecteur et durable. Cette faculté s’adapte à la diversité des histoires familiales, où la stabilité se construit parfois en plusieurs temps.
Étapes clés et particularités du processus d’adoption multiple
Ce parcours d’adoption multiple suit les exigences du Code civil et un parcours administratif strict. La première étape : l’agrément. Ce sésame évalue la capacité de l’adoptant à accueillir un enfant dans le respect de son intérêt supérieur. Impossible d’y échapper : les services de l’aide sociale à l’enfance interviennent systématiquement, menant enquêtes sociales, entretiens et vérifications approfondies.
La double adoption implique aussi de recueillir le consentement des personnes concernées : parents d’origine, tuteur ou le mineur lui-même s’il a plus de treize ans. Si l’enfant ne peut faire connaître sa volonté, le juge examine la situation à l’aune de l’intérêt de l’enfant.
Après cette phase, vient le placement en vue d’adoption, généralement placé sous la surveillance d’un service social ou d’un organisme autorisé pour l’adoption (Oaa). Ce placement, parfois temporaire, permet d’évaluer la création du lien affectif.
L’étape judiciaire, devant le tribunal judiciaire, tranche définitivement. Le magistrat examine la cohérence globale du projet, la réalité du consentement et la capacité de l’adoptant à garantir l’éducation et le bien-être du mineur. Les articles du Code civil, civ art 343 à 370-3, encadrent chaque aspect de la procédure, que l’on parle d’adoption plénière ou d’adoption simple. Au fond, chaque adoption vise la protection de la filiation et la stabilité familiale, loin de tout automatisme administratif.
Droits de l’enfant adopté deux fois : ce que prévoit la loi française
L’enfant adopté deux fois se voit accorder des droits précis, qui redessinent sa place au sein de la famille et dans la société. Le Code civil balise strictement la situation : protection de la filiation, droits en matière de succession, modification du nom de famille ou de l’autorité parentale. Dès que la seconde adoption est prononcée, le lien juridique avec les nouveaux parents adoptifs s’impose : l’enfant obtient les mêmes droits qu’un enfant biologique, que ce soit pour le nom ou l’héritage.
La loi distingue clairement adoption plénière et adoption simple. Dans le premier cas, tous les liens avec la famille d’origine disparaissent, sauf exceptions prévues par la loi. La double adoption plénière reste très rare, réservée à des cas précis, souvent liés à la reconnaissance conjointe d’un couple ou à certaines adoptions internationales. L’adoption simple, elle, laisse subsister les liens avec la famille d’origine, créant des situations familiales parfois complexes, mais toujours reconnues par le droit.
Les principaux droits concernés sont les suivants :
- Autorité parentale : transférée aux nouveaux parents adoptifs, elle s’exerce dans l’intérêt de l’enfant.
- Droits successoraux : l’enfant adopté hérite de ses parents adoptifs dans les mêmes conditions qu’un enfant issu du couple.
- Nom de famille : il peut évoluer, en fonction des choix des parents adoptifs et du type d’adoption.
Les débats récents sur la loi bioéthique et la PMA ont mis en lumière ces questions, notamment autour de la reconnaissance conjointe de filiation. À chaque étape, la justice veille à préserver les droits de l’enfant, à la croisée des pratiques juridiques et des évolutions de la famille. Entre tradition et adaptation, la double adoption s’impose comme une réponse sur mesure à la complexité des parcours de vie.


